rue de la soif

 

Les rouges de soif

Le rosé, les blancs tendus, les bulles, les pet’nat’ (pétillant naturel) et les rouges light, de soif. Que de mots et d’expression qui peuvent déjà en perdre certains. J’ai pris l’habitude (mauvaise sans doute), de parler de rouge light, de rouge de soif quand je parle de vin léger. Léger, un terme presque péjoratif dans nos bouches tant l’on croit que ce type de vin n’a plus sa place dans la consommation québécoise… et pourtant. Il est vrai que même l’été, on recherche du caractère, des sensations, du tork, du punch… mais mes années de sommellerie m’ont fait prendre conscience d’une chose, ce que l’on veut finalement c’est que cela ait du goût, on veut que ça goûte et avoir du plaisir. Mais peut-on en avoir avec des vins dits ’léger’?

Je vous assure que oui, finalement ce qui compte dans un vin, c’est ce que l’on appelle l’intensité aromatique, sa capacité à nous bluffer entre son nez qui explose, sa bouche qui nous en met…VRAIMENT plein la bouche, et sa buvabilité. Un joli mot pour dire qu’on a fini la bouteille (pour ne pas dire torché) en 20 min sur la terrasse avec les ami(e)s.

T’as compris?

Je l’ai compris une après-midi de chaleur insoutenable dont seul le Sud a le secret, service du midi fini, visite presque impromptue de vignerons littéralement desséchés, et je me retrouve alors entre feu Marcel Lapierre et Christian Chaussard, (2 grands vignerons devant l’éternel) pris en sandwich entre eux deux qui pour me remercier du service du midi me servent à leur tour à boire, j’ai deux verres devant moi, remplis de morgon, splendide cru de la région du beaujolais et de « vin de table » de la Loire. Rafraichissants, les vins me font saliver, me donnent faim, me comblent l’esprit autant que mes papilles, et me donnent l’envie de me resservir mais les deux s’en occupent déjà et me font comprendre que le vin, c’est plus que jamais une boisson, et que à ce moment-là, rien ne me semblait plus adéquat. J’ai surtout compris ce jour-là que ce qui tient le vin, ce qui devient sa colonne vertébrale, qui fait saliver et donne le goût de revenez-y est l’acidité. Je ne parle pas de vin acide, ce qui peut passer comme un défaut mais au contraire d’une acidité du fruit frais qui, intégrée au vin, rassasie et fait frétiller les papilles.

bon pour la santé

Soif oui mais de nature

Il faut dire que ces vins servis ce jour-là étaient à classer dans la catégorie nature, naturel, vivant, de terroir, comme vous voudrez. Raisin bio ou très sain, sans ajout de quoi que ce soit, juste du raisin et sans conservateur ou très peu. Si l’équilibre tant recherché est atteint, le vin s’exprime bien dans sa forme la plus pure et concrète. C’est la magie de ces vins-là, de ces grandes bouteilles qui se boivent toutes seules, celles qui laissent un grand vide en disparaissant les premières. Même les dits petits vins, comprendre pas trop dispendieux, s’ils sont élaborés selon cette philosophie peuvent prendre des allures de grandes bouteilles. Le plaisir ne se compte heureusement pas forcement selon la somme investie.

Bref tout le monde et c’est bien une généralité qui a tendance à se confirmer, commence par boire des vins rouges corsés, glisse vers du plus léger (ou digeste), file vers le blanc, gras, rond au début mais fini par agripper le plus, sec et minéral dans le cellier, et puis un jour on découvre les vins oxydatifs, (on y reviendra, je vous le jure). Et si le goût reste au rouge, il se peut que le très costaud, qui vous paraitra alors sans fraicheur, trop lourd, et car sans doute sur-sucré, devienne le genre de bouteille avec laquelle la nostalgie peut vous taper sur l’épaule en vous disant : « hey! c’est ce que tu buvais à l’époque… mouais, pu capable… Même sur la bavette? Cet hiver peut être ».

 

On peut manger quoi avec ce genre de vins là? Pas question de se casser la tête, les bons vins ne demandent que les (bonnes) choses simples, des charcuteries, des pâtes faites avec amour, une grillade de bœuf, le burger, la saucisse ou le boudin, la morue au BBQ, le cochon entièrement. Ou comme d’habitude, vous avez toujours la possibilité d’ouvrir la bouteille en faisant à souper. En prenant l’apéro, quoi.

 

La petite sélection :

À la SAQ

Marcel Lapierre,  Raisins Gaulois 2015, Vin de Table, 22,25$ Code SAQ :  11459976

Jean-François Mérieau Le Bois Jacou Gamay 2014, Touraine, 19,20$ Code SAQ : 12572858

Domaine Thymiopoulos Jeunes Vignes de Xinomavro, Naoussa 2015, 18,85$ Code SAQ : 12212220

Domaine des Huards   L’envol 2014, Cheverny, 19,95$ Code SAQ  : 12748278

Nicolas Grosbois La Cuisine de ma Mère 2014, Chinon, 21,45$ Code SAQ : 12782441

Anne & Jean-François Ganevat La Jaja du Ben, Vin de Table 30,25$ Code SAQ :  12883998

 

À votre santé,

Xavier

 

 

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