bouchons

Contexte

Mon activité professionnelle ou plutôt devrais-je dire mon mode de vie m’oblige souvent à parcourir d’innombrables listes de vins en importation privée, les goûter ensuite, les conseiller, continuer à former, m’amuser pendant les ateliers que je donne. Pour cela, je dois souvent parcourir les allées des succursales de la SAQ, participer aux salons des vins que ce soit comme exposant pour aider les amis du vins, comme organisateur parfois ou pour satisfaire ma soif personnelle de connaissances et de rencontres. (Pas facile comme métier, je vous l’accorde).

Mais en ce qui concerne les salons  des vins, c’est la beauté de la chose du mois de novembre, les événements se succèdent et permettent à tout le monde de venir goûter du vin en présence du vigneron et des agents. Ha, Le Joyeux Novembre!

Plus on rencontre, plus on discute et plus on peut entendre parfois des discours sympathiques à propos du vin, des pertinents voire extrêmement pertinents, des moins pertinents, des aberrants, et de très, très drôles aussi.

Je me suis permis de faire une petite sélection. Trois ont surtout retenu toute mon attention.

Discours pertinent à propos du vin.

Cela ne vise personne en particulier mais vise plutôt un petit quelque chose qui pour moi a finalement un impact majeur dans le mode de consommation et d’appréciation du vin. Les idées reçues par exemple sont pour moi les idées contre lesquelles je me bats le plus depuis des années.

Les dernières semaines furent donc truffées d’autant de beaux moments que de surprises. Un savant mélange entre idées reçues et informations erronées. Le tout entendu en moins de 10 minutes.

Mon oreille sauta une première fois comme saute un vieux vinyle sur un tourne-disque défectueux  pour enfants des années 80.

Le premier des conseils donnés par un monsieur qui par son titre et profession inspire confiance et fiabilité.

L’autre parti, attentif comme un écolier et sans doute admiratif, était prêt à rentrer chez lui et restituer la conversation avec verve la prochaine fois qu’il le pourrait, au grès d’un repas de famille ou d’amis : C’est ça qui est ça. J’te l’dis : Le goût de bouchon dans le vin ça s’en va, tu le mets un peu au frais, pis il disparait. Mais des fois c’est bouchonné, pas toujours vraiment beaucoup bouchonné…

Deuxième conseil avisé en proposant le blanc et le rouge du même domaine ou plutôt de la même marque de vin : « Entre le blanc et le rouge vous allez vraiment sentir la différence »

Troisième prouesse : La personne en question fit une autre victime en parlant du  vin blanc : « Sucré, c’est comme fruité, non, ben un peu sucré, sucré, heu… de toute façon en Alsace et en Allemagne etc… y sont tous sucrés », rajoutait-il pour sa cause.

Je n’ai pas eu l’occasion de rester plus longtemps proche de la personne et de ces précieux conseils, le temps me manquait mais j’avoue une coquine envie d’avoir voulu rester encore un petit peu.

 

le vieux tourne disque qui saute et qui fait mal aux oreilles
le vieux tourne disque qui saute et qui fait mal aux oreilles

Alsace, fruité, sucré, bouchonné, blanc vs rouge

Suite à tout cela, j’ai vraiment hésité à écrire la dessus, partagé entre hilarité, attendrissement et révolte. C’est finalement le souci de l’exactitude qui a pointé le bout de son nez  et qui l’a emporté. Je vais donc me permettre de ressituer les choses :

1er point : Le goût de bouchon est donné par une bactérie appelée communément TCA, ça ne s’en va pas en refroidissant le vin. Si le vin est froid, les arômes propres au vin seront encore plus camouflés et seul l’arôme et surement le goût de bouchon ressortiront… seuls… Il faut savoir que le bouchon se perçoit encore plus avec l’aération. IL Y A CEPENDANT UN TRUC qui peut enlever le gout de bouchon mais ne résout pas le problème car il en apporte un autre. Laisser tremper du cellophane ou papier film dans le vin et le goût de bouchon par absorption sera moins perceptible… en revanche… cela prend le goût de plastique… pas de commentaire.

2eme point : Il est certain que si vous goutez un vin blanc et un vin rouge, il y a de fortes chances pour que vous voyiez une différence même si vous êtes néophyte à moins d’avoir une panne d’électricité le soir où vous dégustez, que vous êtes enrhumé et frappé d’agueusie (la perte de goût).  Peut-être que cela se peut mais je n’ai pas trouvé de statistiques parlant de ces conditions de dégustations pour le moins malchanceuses.

3eme point : Le vin blanc peut être FRUITÉ ET SEC. Fruité et Sucré aussi. Fruité, c’est sa première vocation car on ne s’en rappelle peut-être pas tout le temps mais le vin est tout de même fait avec du raisin même si l’industrie a eu tendance à l’oublier depuis.

Le fruité étant une famille d’arôme et le sucré une saveur. Je m’explique : un arôme est comme un parfum (en fait un composé volatil) que l’on peut retrouver grâce à notre perception du goût et de l’odorat, dans notre nez et dans notre bouche. Une saveur, elle, peut être salé, sucré, acide, amère, astringente. Elle est aussi étroitement liée à l’arôme. Et que ce soit en Alsace ou en Allemagne, ou en Autriche, vous trouvez également des vins secs et ce de plus en plus.

Le terme DOUX, (terme que l’on peut rencontrer de la pastille « fruité et doux ») par exemple est assimilés à des vins qui ont une présence de sucres résiduels. Tout comme les termes moelleux, liquoreux. Doux ne veut surtout pas dire léger, souple et ne doit pas être assimilés à un vin rond sans tanins et qui coule bien.

Alors sans blâmer la personne.

J’ai finalement encore eu la confirmation que si l’on n’a pas appris, on ne peut pas savoir et on peut finir par dire pas mal de choses erronés surtout si on n’a pas pris le temps de les assimiler, comme dans la plus part des domaines d’ailleurs. Mais la personne à blâmer dans tout cela est sans doute celle qui a formé cette personne et qui la laisse se débattre toute seule avec le peu de formation qu’elle a reçu.

Bref, comme le dit si bien un grand vigneron jurassien : « que du bonheur » de parler de vin, même si ce n’est pas facile, échanger des informations, pouvoir déguster entre amis, rencontrer du monde. Que de surprises à chaque instant.

En Résumé:

Vin d’alsace bien sec et super fruité :

Domaine Barmès Buecher Trilogie 2015, Code SAQ : 12254420, Prix régulier : 21,55 $

 

Vin d’Allemagne mais j’ai finalement choisi l’Autriche… bien sec aussi :

Weingut Geyerhof Rosensteig Grüner Veltliner DAC 2015 Code SAQ : 12676307, Prix régulier : 23,90 $

 

Vin bouchonné :

Environ 8% des vins embouteillé en liège.

 

Blanc et rouge du même domaine présent à la saq qui sont bien différents :

Domaine Gauby Les Calcinaires IGP Côtes Catalanes blanc 2015, Code SAQ :  12415289, Prix régulier : 27,90 $

Domaine Gauby Côtes Catalanes Les Calcinaires (rouge) 2015, Code SAQ :  12689520, Prix régulier : 27,90 $

 

Le vigneron jurassien qui dit tout le temps « que du bonheur » :

Jean-Francois Ganevat, vigneron à Rotalier, Jura (France)

Ses vins ne sont plus trop disponibles dans le réseau de la SAQ en ce moment mais valent le coup d’attendre pour s’offrir 750ml d’authenticité jurassienne. La preuve en est qu’ils s’envolent vite une fois sur les tablettes. Normal finalement pour des vins si aériens.

 

Sur ce, Santé et à très vite.

Xavier

 

 

 

 

 

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